Californie: galerie photo (2)

Un soleil en Californie...

Je partageais avec vous  dans la première partie de « Californie: galerie photo » quelques photos de la Californie. Voici donc la deuxième séance photo de mon passage ici. Il aura duré un peu plus d’un mois. Dans le prochain article de la version anglaise du blog qui devrait paraître dans quelques jours, vous pourrez visionner des photos de l’Orégon et Washington, les deux dernières étapes de ce tour 2010 des Etats-Unis. Trois mois sur les routes dans le pays de l’Oncle Sam (que je n’ai pas rencontré d’ailleurs tiens, tiens…)  et voilà que je dois sortir du territoire. Mon visa arrive au bout…

Alors en attendant, bonne séance photo, j’espère que vous prendrez autant de plaisir à les regarder que moi à les prendre!

Le contact amical de Philippe Armenier avec ce cheval Frison dans un vignoble de la Napa Valley. Le Frison est une race de selle et de trait originaire de la Frise, province des Pays-Bas

Du vin, des vignes, et de la biodynamie qui chante et qui rit

Une ruche en paille traditionnelle, de la forme d'un oeuf renversé. La ruche est enduite de terre et d'argile mélangées à des débris de paille pour protéger celle-ci des intempéries. Les abeilles rentrent et sortent par la fente que l'on aperçoit juste en dessous de la plateforme horizontale.

Nous passerons toute une matinée avec Harald Hoven à gauche et Masahide Koyama, à échanger au sujet des semences biodynamiques. Harald enseigne la biodynamie au Rudolf Steiner College de Fair Oak à côté de Sacramento. Masahide développe un réseau de semences biodynamiques au Japon.

Le calendrier lunaire de Maria Thun: un outil de base pour passer les préparations biodynamiques et travailler les sols. La position des planètes dans les constellations et l'interaction que chacune exerce entre elles, donnent aussi une indication précise du temps qu'il fera dans l'année.

Vignes en terrasse de Cain vineyards dans la Napa Valley à "Spring mountain" au dessus de Saint Helena

Le sol: son observation régulière sur une ferme révèle bien des choses. Sa couleur, son odeur, son goût, sa texture, sa structure, sa porosité, son humidité, la densité des racines, des vers de terre, etc... donnent déjà une indication sur la pertinence des méthodes culturales passées et à venir

La température du compost convient d'être surveillée et contrôlée régulièrement afin de permettre aux micro-organismes de travailler dans les meilleures conditions (environ 50-70°C)

Paul Frey de Frey Vineyards dans le Mendocino County, est à la vinification. Frey Vineyards a produit 1 million de bouteilles sans souffre ajouté en 2008, faisant d'eux le plus gros domaine au monde sur le marché du sans soufre ajouté.

A l'extrémité de Ceàgo Vinegarden, vignoble en biodynamie de Mendocino County, on peut admirer les eaux bleues du Clear Lake

Le chandelier tree au Nord de la Californie , sur la route pour l'Orégon. Dans la forêt des Séquoias, les arbres sont vieux de 2000 ans et mesurent plus de 100 mètres de haut. Il y a la place de passer en voiture lorsqu'une cavité s'est naturellement formée au pied de certains.

T.I.M.B.E.R !... Gare au déracinement !!!

Au nord de la Californie à la frontière avec l'Orégon sur les contreforts du Mont Shasta, Devon Strong de Four Eagles farm refait vivre la tradition des indiens Lakota en pratiquant la cérémonie de la sudation dans une hutte avant de tuer un bison sur sa ferme. Honneur et respect pour l'animal qui va être tuer à la lance dans cet enclos circulaire.

Californie: galerie photo (1)

Un parfum oriental dans un jardin vigneron de la Napa Valley

Une grande partie du mois d’Août en Californie au nord de San Francisco, voici maintenant dans Holy Terroir les photos retranscrivant la route  entre Los Angeles au sud de la Californie et Le Mont Shasta au nord de l’état.

Entre les deux:  immersion au côté de Philippe Armenier, consultant en bio-dynamie, et nombreuses rencontres et visites dans la Napa Valley, Sonoma Valley, et Mendocino County parmis les régions viticoles les plus connues de Californie.

Les thèmes abordés: la bio-dynamie bien sûr mais surtout l’agri-culture dans son ensemble.

Lou: un bar à vin branché d’Hollywood à Los Angeles. On y sert beaucoup de vins naturels du monde entier et une nourriture de qualité des Etats-Unis avec notamment de nombreux fromages fermiers américains.

Dans la Santa Barbara County, dans l'appellation de Santa Ynez, Steve Beckmen et Michaël conduisent Beckmen vineyard en agriculture bio-dynamique

Ca sent bon la lavande à Beckmen vineyards !

Entre Los Angeles et San Francisco, la région de Paso Robles

Benjamin Galais, étudiant français en viticulture-oenologie, ici devant la pépinnière, me fera visiter le domaine Tablas Creek (Paso Robles). C'est une région connue pour cultiver de nombreux cépages du Rhône.

Des OVNIS dans les vignes ? Mais non allez..., juste des ventilateurs verticaux contre le gel qui aspirent l'air par le bas pour le rejeter en hauteur et créer ainsi le mouvement d'air suffisant pour éviter la catastrophe!

Domaine de l'Aventure, un autre vignoble en conversion vers la bio-dynamie à Paso Robles

Près pour la dynamisation au lever du soleil, à Ambyth vineyard dans la région de Paso Robles

R.Steiner semble être en bonne compagnie... à "Terroir", un bar à vin de San Francisco

Kermit Lynch, importateur de vins cousus main à Berkeley près de San Francisco

Caractéristiques visibles de la bio-dynamie dans un vignoble: les feuilles se tournent vers le ciel et les pétioles se tournent de l'autre côté . L'air circule mieux et les raisins sont protégés des coups de soleil tout en gagnant en maturité harmonieusement.

A 550m d'altitude alors que la côte Pacifique n'est qu'à trois kilomètres, l'énorme masse d'air froid venue de l'océan rencontre l'énorme masse d'air chaud venue de l'intérieur du pays. Il se crée alors un épais brouillard sur les côtes de la Sonoma au nord de San Francisco. On le dépasse une fois que l'on monte en altitude. C'est le "matelas" blanc que l'on voit en arrière plan.

La préparation 505 utilise l'écorce de chêne. L'écorce du chêne rouvre (Qercus robur) a un rapport avec le calcium et régularise les maladies des plantes. Ici, un pic vert a choisi d'y établir son garde manger en y creusant des trous pour y protéger ses glands.

La ferme Zinniker, East Troy (Wisconsin)

Les coupables?

Avant d’ arriver à la ferme des Zinniker dans l’état du Wisconsin, j’avais téléphoné à Petra Zinniker qui aujourd’hui travaille avec son mari Markus sur la ferme. Mon espoir était aussi de rencontrer Ruth Zinniker (la mère de

Le père de Ruth Zinniker avait rencontré Rudolf Steiner. Sur la photo de gauche à droite : Ruth et Claire.

Markus), dont le père Emmanuel Voegele avait eu le privilège de participer à la conférence donnée par Rudolf Steiner en 1924 donnant les fondations pour le renouveau de l’agriculture: l’agriculture bio-dynamique était née. Comme presque toujours au cours de ce voyage en Amérique du Nord, la ferme des Zinniker, établie en 1943, est une ferme qui m’avait été recommandée au préalable.

Déjà, Cory Eichmann au Canada, dont je parle de temps à autre dans Holy Terroir, m’avait suggéré de visiter cette ferme dans l’état du Wisconsin: « la

La ferme vit au ralenti depuis l'interdiction de vendre le lait cru en direct

plus vieille ferme aux Etats-Unis pratiquant l’agriculture bio-dynamique », m’avait-il confié. Dans nos discussions avec Cory sur l’itinéraire et les étapes que j’envisageais alors aux Etats-Unis, on s’était arrêté échanger sur la ferme des Zinniker au sujet d’une situation semblable aux voisins de Cory. L’état du Wisconsin en effet, étant très stricte au sujet de la vente de lait, n’autorise pas la commercialisation de lait cru en direct. Sur ce point, il ressemble à l’état de l’Ontario au Canada en interdisant les fermes de vendre du lait cru directement au consommateur.

Dans l’état de l’Ontario, une ferme voisine de Saugeen River CSA a vécu le même problème. Pour vous donner une courte présentation, Glencolton Farm avec le charismatique Michael Schmidt, a dû batailler corps et âmes avec le gouvernement canadien pour continuer à vendre du lait cru. Pendant des mois ils se sont battus. Imaginez-vous une troupe armée du gouvernement débarquant dans votre ferme à l’improviste saisissant tout matériel informatique et toutes pièces à conviction. C’est digne des films d’Hollywood !

Les bottes de foin sont stockées dans la grange

Une véritable guerre où le paysan est traité tel un criminel ! Leur seul tort: vendre du lait cru en direct. On peut être pour ou contre la consommation de lait cru, et je n’entrerai pas dans ce débat ici. Derrière le thème du lait, il y a toute la chaîne lucrative de production et de transformation.  Loin des 40 vaches en bonne santé dans la ferme Zinniker, les chaînes de production dont je veux parlé sont des lieux  où la vache n’est plus considérée comme un animal mais comme un simple réservoir à lait sur quatre pattes : hormones de croissance, antibiotiques, vaccins,etc… lui sont administrés

Petra Zinniker me présentant les préparations bio-dynamiques pour le compost dans cette valisette portable

régulièrement et font partis des mécanismes de fonctionnement des usines (quand on parle de plusieurs milliers de vaches,  on ne parle plus de ferme !).  Peu importe, car en les poussant à bout,  les vaches donnent 40 litres de lait par jour,  et  ne vivent que deux ans,  pour une seule lactation,  et hop,  on les tue!

Ah !!!…

Après de multiples passages devant la justice, et à renfort d’articles dans la presse et passages dans les médias, Michael Schmidt a pu être acquitté en Janvier dernier et continue ainsi à vendre son lait cru aux consommateurs de

Les parents de Richard Zinniker avait acheté la ferme en 1943

Toronto et d’ailleurs. Ce qui a fait penché la balance: les clients sont propriétaires des vaches. Je m’explique: quand un consommateur veut acheter du lait, il souscrit une part « de vache » et devient ainsi co-propriétaire de l’animal. Il n’y a donc plus d’acte de vente à proprement parlé puisque les clients ne sont plus tout à fait des clients. Ils deviennent totalement impliqués dans l’activité de production de la ferme. En plus d’avoir l’avantage de rendre le consommateur plus conscient sur l’origine du lait et tout le travail effectué en amont, il participe activement et directement à l’activité économique de la ferme, soulageant également le paysan de l’achat des animaux. Bien entendu tout au long de l’année, des événements sont organisés sur la ferme pour rassembler tout ce joli monde et célébrer ensemble les rythmes de la ferme et le cycle des saisons.

Ombre et lumière: les deux faces de l'être humain

Un jugement comme celui-ci est encourageant. Il ne reste plus qu’a souhaité que la ferme en agriculture bio-dynamique des Zinniker suive le pas, ou plutôt, que l’état du Wisconsin suive la décision de jugement de l’état de l’Ontario. Depuis 9 mois maintenant, le lait cru de la ferme des Zinniker est interdit à la commercialisation. Des mesures aussi radicales devant un aliment millénaire sain et nutritif comme le lait cru est le combat de David contre Goliath: d’un côté le paysan cultivant amoureusement sa terre pour

Les préparations bio-dynamiques sont conservées au frais sous la maison

faire vivre la communauté dans laquelle la ferme s’inscrit, et de l’autre, Goliath avec toutes ces forces invisibles des lobbies contrôlant la planète avec le marché unique, la pensée unique et le goût unique. Tout serait tellement plus facile à contrôler si tout le monde était sur la même ligne.

Ah !…

Mon voeu le plus cher est de pouvoir encore trouver du lait cru la prochaine fois que je rendrai visite à Richard, Ruth, Petra et Markus. Vendre du lait cru en direct aux Etats-Unis et au Canada est un acte politique, et appliquer le principe de désobéissance civile face au gouvernement américain serait un signal fort qu’il y a encore des personnes en ce monde qui ne s’agenouillent pas devant le rouleau compresseur des lobbies. Le jugement est en court et il est temps à présent pour la ferme de trouver une autre solution afin d’écouler la production de lait. Jusqu’à présent, ils utilisaient une des multiples qualités du lait: il était pulvérisé dans les champs. Le lait est aussi un excellent fertilisant !

Ambiance foin

Published in: on 29 juillet 2010 at 08:13  Laissez un commentaire  
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Ma rencontre avec les Amishs

On entend toujours résonner au loin les sabots des chevaux trottant sur les routes

Depuis des années j’en entends parler. On me racontait des histoires sur des attelages de huit ou douze chevaux tirant des attelages pour moissonner un champ rien qu’en utilisant la traction animale. Alors, légende ou bien réalité?

'Mount Hope' dans l'Ohio: un village où le temps semble s'être arrêté

Dans toutes les fermes occidentales qui utilisent la traction animale, ils sont considérés comme la référence mondiale en terme d’innovation, de technique de dressage et surtout de nombre de chevaux par habitant.

Les Amishs sont entre 250 000 et 300 000 dans tous les Etats-Unis. Ils sont originaires d’Europe Centrale et ont immigré aux Etats-Unis il y a plusieurs centaines d’années. Aujourd’hui, on les trouve surtout dans les états de Pennsylvanie, d’Ohio, et

Certains mettent encore le foin en meule

d’Indiana. Mais ils sont aussi dans d’autres états et dans d’autres pays où ils forment le plus souvent des communautés de vie où la famille est le noyau principal.

Les Amishs, j’en ai entendu parlé à toutes les sauces. Des gens fermés sur le monde qui les entoure qui vivent sans l’électricité et sans le téléphone, voilà en gros ce que je savais avant ce voyage. Mon intérêt pour les Amishs a grandi au fur et à mesure que mon voyage aux Etats Unis se rapprochait. Je les avais vu pour la première fois au Canada dans l’Ontario,

'Pioneer' est une entreprise familiale spécialisée dans le matériel agricole et loisir équin

rappelez-vous, j’en avais succinctement parlé dans l’article ‘Retour vers le futur’ dans la version française d’Holy Terroir. J’avais été déconcerté de visiter cette ferme de 80 hectares utilisant uniquement la traction animale pour travailler la terre. J’avais été aussi très surpris par la guirlande d’enfants sortant de tous les coins de la ferme lors de notre passage, avec Cory Eichman et toute l ‘équipe de Saugeen River CSA.

Humble et ravi de partager avec nous ses connaissances, Willis nous donnera de précieuses adresses pour la suite de notre voyage

C’était au mois d’Avril. Depuis, je les ai vu sur les routes dans l’état de New York , sur les routes en Pennsylvanie, ainsi que dans l’Ohio et dans l’Indiana. J’en ai même rencontré ici en Californie, où j’écris cet article avec un peu de

Le 17e 'Horse Progress Day' se déroulait dans l'Indiana début Juillet

retard. Mais à chaque fois, on ne s’arrête pas et on les croise seulement. Mais cette fois-ci, la raison première de notre arrêt dans l’état de l’Ohio était de prendre contact avec eux et de visiter une ferme, au moins une. Rien que 600 kms nous séparaient de notre dernière visite en Virginie au Josephine Porter Institute et à Spikenard Farm Honeybee Sanctuary.

Construction d'une maisonnette en bois sur le festival: travail soigné et artisanal qui fait la réputation des Amishs dans le monde

Alors que nous étions dans le village de Mount Hope dans l’Ohio, un village dans le Holmes County connu pour détenir la plus grande concentration d ‘Amishs aux Etats unis, la serveuse d’un restaurant Amish nous

Démonstration d'attelage tout au long du festival: ici, un épandeur à compost

recommanda de rendre visite à Willis, le propriétaire d’une ferme auberge impliqué dans l’événement internationale de traction animale: le festival Amish Horse progress day. « S’il y a quelque chose que tu dois voir quand tu seras aux Etats-Unis, c’est certainement ces journées dédiées à la traction animale au pays des Amishs! » m’avait confié Olivier Cousin, un vigneron d’Anjou connu pour son implication dans son travail avec les chevaux.

Tout le monde est fasciné par les présentations

On n’avait plus qu’à suivre les indications pour trouver l’adresse, et doubler en même temps que nous nous rendions sur place, les nombreuses carrioles sur les routes du pays plus nombreuses que les voitures à moteur à

Le festival fait honneur à toutes les formes de traction animale, qui au XXIe siècle reste toujours la plus utilisée sur la planète: ici l'ONG 'Tillers international' travaillant beaucoup en Afrique, fait une démonstration avec une paire de boeuf "longhorn cow milk"

explosion. Le cliquetis rythmique des sabots sur l’asphalte me résonne encore aux oreilles… Dans cette ferme, je fus tout d’abord interpelé de voir Willis le propriétaire conduire un engin motorisé à essence afin de déplacer une botte de foin. Première vérité: tous les Amishs ne refusent pas la modernisation, l’essence et l’électricité. Pour dire vrai, il y a plus de deux cents églises dans le county (canton? région?), soit plus de deux cents groupes d’Amishs suivant la voie qui leur ait propre. Certains sont plus conservateurs ou plus avant-

Des démonstrations grandeurs réelles: ici, ensilage du maïs

gardistes. Avec Willis qui a l’habitude d’accueillir les touristes dans sa ferme auberge, nous fûmes tout de suite mis à l’aise. On discuta de traction animale bien sûre et aussi de matériel.

Homme élégant et droit, le regard perçant et le ton calme d’un homme sage qui travaille physiquement la terre, Willis taille sa barbe en collier et porte le chapeau Amish traditionnel droit très caractéristique. Il nous donne rendez-vous quelques jours plus tard pour le festival qui a lieu cette année dans l’état de l’Indiana.

Spectacle aussi intéressant pour les petits que pour les grands

C’est ainsi que plusieurs jours plus tard nous avons recroisé Willis dans cette réunion  dédiée exclusivement à la traction animale. Il

4 chevaux et 10 litres d'essence (pour faire tourner le moteur qui entraîne la prise de force) suffisent pour botler un champ de 3 hectares

commentait les démonstrations d’attelage. Pendant deux jours, nous fûmes invités à dormir, à manger et à échanger sur notre intérêt pour la traction animale en Europe. Ce rassemblement draine 15 à 20 000 personnes. On voit les familles arriver et la dizaine d’enfants par

Les bottes sont ensuite collectées par un bras dépliant attaché à une remorque: ingénieux!

famille suivre derrière. Soulevant le sujet dans une discussion, un homme me dira qu’il connaît une famille avec 20 enfants. Bien, je tire mon chapeau aux parents!

J’ai trouvé ici des Amishs ouverts, souriants, radieux, curieux sur mon pays la France et sur notre façon de cultiver la terre là-bas. Malheureusement, traction animale ne veut pas dire forcément agriculture biologique ou bio-dynamique.

Rien que douze chevaux pour tirer une charrue à quatre socles: peux faire mieux!

La plupart utilise les produits chimiques type pesticides et insecticides. Il n’empêche qu’ils possèdent un sens inné de la culture de la terre et du travail avec les chevaux. Je suis simplement écoeuré de voir les citernes à produit chimique tracté par les chevaux: c’est le monde l’envers!

Et 42 personnes au final pour tenir 2 chevaux en pleine traction!

Renversant...

Published in: on 21 juillet 2010 at 11:14  Laissez un commentaire  
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Kimberton Hills Camphill Village (Pennsylvanie)

Tous les états des Etats-Unis ont leurs plaques d'immatriculations que l'on peut personnaliser à souhait

Oh là là ! Il y a déjà presque dix jours que je n’ai rien posté sur le blog aussi bien dans la version française que dans la version anglaise d’Holy Terroir. Bon, pas d’affolement, maintenant je devrais passer moins de temps sur la route que les dix derniers jours. Depuis le dernier article, nous avons fait environ six mille kilomètres et on est passé de la côte est à la côte ouest des Etats-Unis. Il y a eu quelques aventures au passage mais j’en reparlerai le moment venu. Globalement on peut dire que la traversée du pays s’est bien déroulée.

CLIQUEZ SUR LE LIEN POUR LA CARTE DES LIEUX VISITES AU CANADA ET AUX ETATS-UNIS

Toujours un style très distinct dans les caractères d'écriture

Dorénavant en Californie, je veux revenir sur les dernières visites que nous avions faites sur la côte est Claire et moi. A présent, je suis de nouveau seul

Un des rares ponts couverts encore debout en Pennsylvanie

puisque Claire s’est arrêtée comme prévu à Los Angeles faire du volontariat dans un centre de permaculture urbain. Il y a déjà cinq semaines que nous voyageons tous les deux et nos routes se séparent donc ici en Californie.

Bon, on en était où alors? Tous les jours, je pensais à ce que j’allais bien pouvoir écrire quand j’allais reprendre le blog. En ce qui concerne la version anglaise du blog, Claire (étant écossaise) me donnait un coup de main pour la

Avec de bons yeux, on peut voir que les Camphills sont surtout en Europe

relecture. Donc au passage, j’en profite pour te remercier pour ce coup de pouce Claire. Je sais que tu lis un peu le français, donc tu te reconnaîtras lorsque tu liras ces lignes.

Bien. On était donc dans la région des Finger Lakes dans l’état de New York lors du dernier article d’Holy Terroir. Et nous allions reprendre la route pour rejoindre l’état de Pennsylvanie au sud de New York. La principale ville de cet état est Philadelphie. La raison de notre visite dans cet état était Kimberton Hills Camphill. J’espérais aussi dans cet état faire la rencontre des Amishs car ils sont très nombreux à habiter dans cette région.

Bienvenue au pays des Amishs

Voilà donc le deuxième Camphill que nous visitions Claire et moi aux Etats-Unis. Je parle de l’autre Camphill à Copake dans l’état de New York dans la version anglaise d’Holy Terroir.

« Le Mouvement Camphill est né en 1939 à l’approche de la deuxième guerre mondiale, lorsque le Docteur Karl König et quelques jeunes artistes, médecins et pédagogues, réfugiés de l’Autriche annexée, furent accueillis en Ecosse. Offerte par le père d’un enfant handicapé, la maison appelée « Camphill » donna son nom au futur mouvement.

Sherry Wildfeur édite le calendrier lunaire "Stella Natura" pour l'Amérique du Nord

L’idéal de ces personnes était de vivre ensemble avec des enfants handicapés mentaux. Mais par la suite se formèrent des communautés villageoises pour des adultes avec un handicap physique ou mental. Quelques années plus tard,

Une pose photo pour Wendle et Leo lors de l'étalage des légumes qui sont vendus à la ferme

d’autres communautés Camphill furent créées sur le même modèle, toujours dans le but de développer des formes de vie sociale et thérapeutique nouvelles. De nos jours il existe plus de 90 associations dans 19 pays, dont la France et la Suisse.

Le travail de ces communautés s’inspire directement des impulsions éducatives, thérapeutiques et sociales de Rudolf Steiner (1861- 1925), philosophe et pédagogue autrichien qui propose une vision profondément humaniste de l’évolution du monde et de chaque individu.

Todd à relancé la traction animale sur le jardin d'hiver

Cette pédagogie vise à permettre aux personnes handicapées à vivre de manière autonome dans la mesure de leurs capacités. Une des originalités de ces institutions est qu’elles sont formées de familles d’éducateurs qui partagent leur vie avec les personnes accueillies. Elles peuvent trouver des

Wendy, enchanté!

occupations valorisantes dans les domaines de l’agriculture biodynamique, l’horticulture, la boulangerie, le tissage, la pratique des arts, etc.
En plus des communautés villageoises, il existe aussi des centres d’assistance scolaire et des institutions thérapeutiques. Les communautés Camphill sont indépendantes les unes des autres sur le plan juridique. Elles sont très diversifiées selon les pays, l’implantation et la taille, selon les besoins auxquelles elles répondent, qu’il s’agisse d’enfants ou d’adultes handicapés, ou d’initiatives dans les domaines de la maladie mentale, de l’inadaptation sociale ou des personnes âgées. »

Amira est venue d'Egypte pour apprendre l'agriculture biodynamique à Kimberton Hills

Les enfants apprennent dès le plus jeune âge à vivre au côté de la nature

Published in: on 17 juillet 2010 at 20:24  Laissez un commentaire  
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Anthony Road Winery, Finger Lakes(New York)

Sur les bords du lac Sénéca

Ah ça y’ est! De nouveau connecté au monde virtuel d’internet. Les derniers jours étaient sans électricité ni internet dans un monde parallèle au notre. Les derniers jours, nous étions immergés dans la culture Amish pour ce qui est le plus grand rassemblement au monde dédié à la traction animale. Les

'Anthony Road Winery' est un des plus grands domaines de la région

Amishs organisent un festival depuis 17 ans appelé le Horse Progress Day et sur deux jours, plus de quinze mille personnes viennent admirer les attelages et les technologies conçues pour utiliser la force du cheval. Ainsi durant ces derniers jours, on a laissé l’ordinateur de côté pour se consacrer exclusivement à cet événement qui restera longtemps gravé dans ma mémoire. J’en reparlerai plus tard dans Holy Terroir et je mettrai en ligne les photos traitant de cet événement.

On voudrait presque s'attarder sur les bords du lac

Deux jours, c’est le temps minimum qu’il fallait pour couvrir le festival et ses nombreux stands, séminaires et démonstrations. C’était la première fois que je voyais des attelages de 12 chevaux tirant des charrues à 4 socles.

Sans limo pourtant, nous avons été les bienvenus

Ingénieux et modernes, les équipements dont la communauté Amish se sert intriguent aussi bien qu’ils fascinent. Tant de force et d’élégance rassemblées pour tracter des machines fabriquées par les Amishs eux-mêmes. Les grosses pointures de l’industrie telles que John Deer, New Holland, ou Claas étaient là aussi avec de nouvelles machines. Un peu de patience en attendant avant de reparler de cet événement majeur dans le monde de la traction animale.

D'après Peter Martini, les vignes ont deux à trois semaines d'avance

Pour l’heure, je voulais traiter d’un autre domaine viticole dans la régions des Finger Lakes dans l’état de New York. Notre séjour dans cette région n’aura duré que 4 jours, juste le temps de prendre la température des

Peter et son assistant chauffeur Kona

vignobles dans la région. Nous devions passer de l’autre côté du lac Sénéca pour nous rendre au domaine Anthony Road Winery le samedi matin de notre visite. Une fois arrivée sur place nous étions accueilli par Peter Becraft et Peter Martini respectivement responsable de culture et assistant winemaker. Séparée en deux, notre visite commença tout d’abord dans les vignes par une journée qui s’annonçait encore très chaude et ensoleillée. Concerné par les problèmes environnementaux, Peter Martini qui nous conduisait dans les

Le 'poison ivy' appelé 'sumac vénéneux' est une plante qui donne des démangeaisons pendant dix jours si on la touche. Elle étouffe lesvignes à certains endroits et envahit les champs si elle n'est pas maîtrisée.

vignes nous confia être à la base d’un groupement de vignerons dans l’état de New York souhaitant créer une charte éthique afin de réduire l’utilisation des produits chimiques. D’après ses dire, cette réflexion en est à son balbutiement et le projet reste stagnant pour le moment. Tout est à construire dans cette région des Etats-Unis.

Peter Becraft dans le chai de vinification

Sur les 30 hectare du domaine répartis sur deux différentes propriétés, ils cultivent principalement du riesling, du cabernet franc, du gewurztraminer, du merlot et du lemberger, et du vignole. Peter Becraft, l’assistant viniculteur, conduira la deuxième partie de la visite. Courtois et rempli

Le Vignoles est un cépage hybride franco-américain

d’humour, nous passerons un bon moment ensemble dans le chai. Anciennement dans l’industrie de la mode, il s’est converti au vin par passion. Nous dégusterons toute la gamme des vins proposés au domaine. Parmi le panel goûté, je retiendrai surtout les vins moelleux et liquoreux du domaine. Je cite par exemple le Pinot Gris ‘Late Harvest Bellaria’ 08. Les raisins étaient atteint de pourriture noble et on perçoit en bouche des notes de coing, d’abricots très mûre, d’orange et d’ananas.

Johannes Reinhardt le viniculteur

Le Riesling Trockenbeeren 08 montre une grande complexité et longueur en bouche. On a un vin de gastronomie pouvant se marier avec de nombreux dessert ou plats asiatiques. Les prix des vins liquoreux sont entre 60$ et 100$ la bouteille (entre 50 et 90 €), de quoi faire réfléchir avant d’acheter.

Giles, le fils de Peter Becraft, déjà dans le chai de vinification

Published in: on 7 juillet 2010 at 14:36  Comments (3)  
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Silver Thread Vineyard, Finger Lakes (New York)

Coucher de soleil sur le lac "Seneca" dans la région des "Finger lakes"

Force est de constater que c’est une image colorée et vivante du paysage américain qui se dessine sous nos yeux. Toutes les visites effectuées jusque là ont trouvé leur place dans Holy Terroir, que ce soit dans la version française ou bien dans la version anglaise du blog. (D’ailleurs au sujet du mot blog,

Outre leurs vins, les lacs eux-mêmes sont aussi les attractions de la région

après quelques recherches sur internet, je découvre que l’anglicisme blog, en français s’écrit blogue. Toutefois les deux versions semblent être acceptées). En guise de remerciement envers tous ces hommes et ces femmes qui nous ouvrent leur porte et leur coeur, le moindre geste que nous puissions faire en retour est simplement de parler d’eux dans Holy Terroir.

A l'entrée de notre prochaine étape

La plupart du temps programmées à l’avance, nos visites sont souvent le début de nouvelles amitiés. A chaque fois passionnés, nos interlocuteurs n’en finissent pas de commentaires élogieux au sujet de ce qui les anime au corps

Richard Figiel de Silver Thread Vineyard

et au coeur. Leur passion est née d’une rencontre un jour, en apparence comme un autre, et pourtant ce jour allait changé à jamais leur vie. Des rencontres, nous en faisons tous les jours, il suffit d’écouter avec ses oreilles et de voir avec de nouveaux yeux. Nous rencontrons tous les jours des personnes, et ce sont en générales le genre de rencontres auxquelles nous pensons le plus facilement. Mais il y a d’autres rencontres plus variées et plus subtiles auxquelles nous ne pensons pas tout de suite.

Le lac fait aussi le bonheur des plaisanciers

Ne vous souvenez donc pas de ce livre que vous avez lu ce jour là, où vous vous êtes dit: « C’est exactement ce livre dont j’avais besoins de lire en ce moment»? Et à la suite de cette lecture, votre vie prend un nouvel élan. Des livres qui inspirent et qui se mettent sur votre route comme par

Chai utilisant la gravité et avec vue sur le lac

enchantement, sont une révélation. Il y a aussi ces rencontres avec ces morceaux de musique dont nous avons l’impression qu’ils ont été composé spécialement pour cet instant où nous l’écoutons. Le dernier morceau qui me vient à l’esprit est cette chanson de Dire Straits (le titre m’échappe, désolé) écoutée dans la voiture sur la route un après-midi, qu’on dirait qu’il fut conçu spécialement pour un road trip aux Etats-Unis j’en suis sûr(hum?…). Des rencontres, nous en faisons des milliers…Certaines plus marquantes, plus touchantes, et plus bouleversantes que d’autres.

Rien de tel qu'un verre de vin dans les vignes au coucher du soleil

Un voyage sert à s’ouvrir à l’autre et à voir différemment avec de nouveaux yeux, et au delà, avec un nouveau coeur. Mettre de côté les idées toutes faites, les aprioris, et les jugements préconçus, c’est donner une chance à l’inconnu de nous surprendre. Un voyage n’enrichit celui qui le vit que si le

Des vignes cultivées à la main par Richard lui-même

chemin lui-même est plus important que la destination finale. L’objectif une fois atteint n’a plus le même goût d’inconnu et de mystère. Au contraire, c’est bien pour se confronter aux difficultés et à l’imprévu survenus en chemin que nous partons un jour loin de notre quotidien. Ce déséquilibre dans notre routine journalière nous pousse à aller de l’avant comme un marcheur met un pied devant l’autre pour avancer . Il lève un pied, se met en déséquilibre provisoirement, et ce n’est qu’ensuite qu’il met le pied sur le sol et enchaîne sa marche en continuant cette succession de déséquilibre-équilibre permanent.

En arrivant de Toronto pour aller à New York, on passe devant une région anciennement connue pour être le territoire des indiens Iroquois, une

Salle de mise en bouteilles et d'étiquetage manuelles

fédération de tribus indiennes vivants dans cette partie nord-est des Etats-Unis. On a tendance à oublier qu’il y a seulement quelques centaines d’années vivaient ici des Hommes dotées d’une intime connaissance et d’un profond respect pour la terre qui les faisait vivre. Cette région se trouve aujourd’hui baptisée sous le nom générique d’état de New York. Au sud de l’axe menant de Toronto à New York, on arrive dans la sous région des Finger lakes( les lacs en forme de doigts) car il n’y a pas moins de dix lacs allongés formés lorsque les glaciers se sont retirés il y a des millénaires.

Le symbole de la tortue provient de l'ancienne tribue indienne des Haudenosaunee. La tortue nous fait nous rappeler de prendre soins de la terre et de l'eau, qui sont aussi nécessaires à l'élaboration du vin

Un nom résonnait depuis plusieurs semaines dans ma tête lorsque je pensais à explorer les vignobles authentiques dans la partie est des Etats-Unis. Silver Thread Vineyard fut planté au début des années 80 sur le versant est du lac Seneca, conférant à la vigne un micro-climat plus doux et lumineux grâce à la réverbération du soleil sur le lac. Journaliste dans une autre vie,

Un chai dont la température est contrôlée par un feu de cheminée

l’autodidacte Richard Figiel greffa lui-même ses premiers pieds de vignes il y a presque trente ans pour arriver à une surface de production aujourd’hui équivalente à 5 hectares de vignes. Il commença par le riesling et le chardonnay, puis le Gewürztraminer, le Cabernet Franc et le Grüner Veltliner. Richard est un de ces hommes dotés de cette force tranquille nécessaire pour mener à bien les projets doucement mais sûrement. Au long de notre visite, il mettra l’accent à de nombreuses reprises sur sont intention focalisée sur la production de peu de cépages plutôt que de se disperser avec trop de vins différents; approche que j’approuve.

Place aux choses sérieuses

Avec une température pouvant atteindre les -25°C en hiver, le lac Seneca ne gèle pas pour autant. La production se résume à 1 500 caisses par an (18 000 bouteilles). Nous effectuerons une visite dans les vignes(cultivées en agriculture biologique) avec Richard avant de nous rendre dans le chai

Dans la salle de dégustation, toujours avec la vue sur le lac

conçu par ses soins avec l’aide de son frère architecte: un chai cousu main comme le sont les vins que nous goûterons. Les vins que j’ai goûté jusque là au Canada et aux Etats-Unis prennent une toute autre dimension quand la personne qui vous reçoit est aussi la personne qui oeuvre dans les vignes. Les vins atteignent un degré de pureté, de finesse et de minéralité que je ne retrouve pas assez ailleurs.

Dans tous les vins que nous goûterons: le chardonnay 2008, le gewürtztraminer 2007, le riesling 2007, le pinot noir 2008, et le cabernet franc 2008, on retrouve la main de celui qui les accompagné à venir au monde tout au long de la chaîne d’élaboration: de la vigne à la mise en bouteille. Plus qu’un simple vigneron, Richard, avec son humble personnalité, se veut aussi le défenseur d’une économie agricole locale équitable pour le producteur et pour le consommateur. Le développement d’une culture alimentaire saine et juste est son fer de lance. Ses vins sont vendus entre 15 et 22$ (13 et 17€) la bouteille. Malheureusement pour nous, on ne trouve pas encore ses vins en France. Dommage, car là est la preuve que les Etats-Unis produisent des vins de grande classe, élégants,et racés, et le tout à des prix raisonnables, quand on connaît ce qu’il y a dans le verre. C’est incontestablement le type de vin que je sélectionnerais pour ma cave personnelle si je pouvais ramener quelques bouteilles en France dans mes valises.

Published in: on 28 juin 2010 at 18:25  Laissez un commentaire  
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Hawthorne Valley Farm, Harlemville (New York)

Des légumes qui respirent la vie

Au fur et à mesure que nous progressons sur les routes qui nous conduiront bientôt sur la côte ouest des Etats-Unis, les opportunités s’ouvrent devant nous pour rencontrer les acteurs du bien boire et du bien manger. Nos

Diversité et authenticité, en biodynamie depuis 1972

centres d’intérêts se tournent avant tout vers les producteurs de ces produits issus de l’agriculture. Cette nourriture, et le vin qui va si bien avec, est de plus en plus dure à dégoter. Tout aujourd’hui a le même goût, tout est transformé et de plus en plus uniformisé. Même les êtres humains deviennent tous pareils: mêmes habits, mêmes maisons, mêmes façons de penser. C’est avant tout dans les champs et dans les fermes que nous apprécions l’origine véritable d’un produit agricole de qualité. Que ce soit le vin, les légumes, la viande, les céréales, les oeufs ou le miel, tous ces produits ont tous la même origine: la terre.

Les mots 'pays', 'paysage' et 'paysan' ont plus que leurs racines en commun

A travers ce blog, j’essaie de partager du mieux possible avec vous les rencontres au cours de ce voyage en Amérique du Nord qui a pour fil conducteur l’alimentation dans tous ses états. Déjà, j’en entends s’exclamer au loin que les Etats-Unis ne produisent aucun produit de qualité? Bon, bon

Ces granges qui illuminent les paysages

…Pas d’aprioris sans fondements…C’est vrai que ce qui voyage le mieux venant des Etats-Unis, c’est certainement tout sauf les spécialités culinaires du pays. On entend plus souvent parler des fast-foods, des séries télévisées, ou bien des films d’Hollywood, que les arômes des vins des régions viticoles par exemple. La communication agressive faite dans ce pays et au delà de ses frontières a de quoi faire réfléchir. Et ce n’est certainement pas sur les panneaux publicitaires le long des routes ou sur les écrans de télévisions que nous trouvons toutes les adresses ou nous nous rendons Claire et moi. Il faut se lever tôt pour trouver de la nourriture de qualité, oui, mais cela se trouve bel et bien. Sur un marché fermier l’autre jour, nous avons eu l’occasion de goûter un fromage à pâte pressée non cuite type cheddar qui me reste encore sur les papilles. Agréable découverte dans la campagne New Yorkaise!

Scientifiquement prouvé, le lait est de meilleur qualité quand les vaches sont appelées par leur nom

Avant de commencer à visiter les fermes et les vignobles du pays, on peut être tenté de se poser des questions sur les choix que l’on va être amenés à faire. Comment sélectionner les fermes et les vignobles à visiter? Quels critères mettre en avant? Quels sont les fondements de notre visite aux quatre

Hawthorne Valley: 'Nourrir la terre qui nous nourrit'

coins du pays? La multiplicité des choix se réduit considérablement lorsqu’il s’agit de visiter essentiellement les lieux en relation avec l’agriculture biologique et biodynamique. Tout en restant ouvert pour découvrir d’autres manières de cultiver la terre, les choix se font tout d’abord sur le goût et la dégustation. Les fermes et les personnes que nous rencontrons créent avant tout des produits qui ont du goût. C’est le premier critère de sélection. Et une quête d’absolue qualité ne se fait pas sans la pratique d’une agriculture respectueuse de la biodiversité.

De la ville à la campagne, Katie a toujours su que 'le bonheur est dans le pré'

L’équilibre recherché dans les dégustations que nous effectuons, que ce soit les fromages, le pain, les légumes, le miel, le sirop d’érable, le vin, etc… se compare à l’équilibre que nous recherchons dans la fréquence des fermes

Katie et Andrea - après les avoir ramassés, il faut nettoyer les légumes

visitées. Toutes les rencontres demandent de l’attention afin de retranscrire dans ce blog au plus près les informations collectées. La température estivale frôle les 90-95°Farenheight, soit les 30-35°Celsius en ce moment.  Avec les exercices de calculs mentaux pour les conversions, on joue aussi de plus en plus avec les pics de chaleur pour écrire, visiter et rouler en voiture.

Frais et croustillant à point

Alors que nous étions dans le Camphill Village de Copake dans l’état de New York (dans la version anglaise du blog), nous n’étions plus qu’à 30 minutes en voiture de la ferme biodynamique Hawthorne Valley (le mouvement

"C'est en faisant que l'on se fait" ou "comment guérir grâce à l'artisanat" au 'Camphill Village de Copake' à 30 minutes d'Hawthorne Valley

Camphill est une pédagogie curative dont le fondement est la conception anthroposophique de l’être humain développée par Rudolf Steiner au début du XXe siècle). On ne pouvait donc pas ne pas aller visiter cette ferme de production qui est aussi ferme pédagogique accueillant pas moins de 500 enfants tous les ans. Le plus difficile, c’était d’abord de prendre un premier contact par téléphone. Appelée la veille pour le lendemain, Rachel d’Hawthorne Valley répondit positivement à notre appel et nous étions attendu le Mardi matin pour une visite qui allait s’étendre plus longtemps que prévue (comme d’habitude!).

Notre visite commencera par la rencontre avec Katie, originaire de Manhattan, occupée avec ses collègues à ramasser les navets japonais dans le champ de légumes derrière la ferme. La visite continuera par un entretien avec Andréa, suisse de naissance et ayant élue domicile en Hudson Valley. Evidemment, une ferme de plusieurs centaines d’hectares comme celle-ci regroupe forcément une main d’oeuvre appropriée. Et la diversité des personnalités font des échanges plus passionnant les uns que les autres. Nos rencontres croiseront aussi le chemin de la fromagerie avec Peter, familiarisé avec la tradition fromagère française pour avoir exploré ses régions productrices pendant presque une année.

Peter dans la cave d'affinage des fromages: toute une histoire d'amour!

Puis, ce sera le tour de la boulangerie avec Caroline, une ancienne étudiante en biodynamie à Emerson College, qui nous fera un véritable exposé sur son

Caroline Gordon: intarissable de connaissances

métier avec l’origine des céréales utilisées et le partage d’un savoir faire inestimable pour confectionner tous les jours le pain et les pâtisseries qui seront ensuite vendus dans le magasin d’alimentation biologique juxtaposant les locaux.

Et pour terminer, après tant d’évocations culinaires, on ne pouvait conclure la visite que par un pic-nique champêtre avec les produits de la ferme, le tout improvisé sur l’herbe, à l’ombre, au milieu de la cour principale. Le vrai luxe du XXIe siècle: apprécier un instant de vie tout simplement!

Dans la cave d'affinage, le temps n'existe plus

Published in: on 24 juin 2010 at 17:50  Comments (2)  
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The Pfeiffer Center, Spring Valley (New York)

En haut Rudolf Steiner, en bas Ehrenfried Pfeiffer

Déjà 4000kms au compteur et nous sommes toujours dans le même état de New York. Les distances aux Etats Unis ont vraiment une autre signification. Les routes sont parfois un enchevêtrement de circulation avec des ponts dessus, dessous, partout, sur les côtés, en double, en triple avec des échangeurs dans tous les sens et des indications à vous en faire perdre votre sens de l’orientation.

Expendre la biodynamie auprès d'un large public

Faut-il prendre la sortie exit A, ou A’, ou A bis, ou A business, ou A express? Les possibilités semblent interminables. Au final, on peut facilement se retrouver sur une voie sans que l’on sache pourquoi. Bon, tout le pays ne semble pas de la sorte si je regarde la carte, car je verrai que les routes sont moins denses à mesure que l’on s’éloigne de la côté est.

Incinération au programme le dernier week-end de formation

De Long Island, il nous fallait retraverser une fois de plus l’agglomération New Yorkaise. Et une fois de plus, ce fut l’occasion de s’émerveiller devant la grandeur de cette ville tentaculaire avec au loin Manhattan et ses buildings se dessinant à l’horizon. Notre destination: The Pfeiffer Center. C’est ici en

Forêt et espaces verts autour du "Pfeiffer Center"

effet qu’Ehrenfried Pfeiffer(1899-1961),  un étudiant de Rudolf Steiner(1861-1925) et pionnier de la biodynamie vécut du début des années quarante jusqu’à sa mort en 1961. Nous sommes seulement à 45minutes du centre de Manhattan mais la densité de population est moins élevée. Les habitations ressemblent plus à une communauté suburbaine avec des pavillons et des maisons isolées qui grignotent toujours un peu plus le si peu de terres agricoles restant dans la région.

Déterrement des cornes pour la préparation 500

Le week-end où nous sommes allés visiter le centre, tombait juste pendant le dernier week-end de la formation en biodynamie pour adulte. Cette formation regroupait une cinquantaine de personnes sur toute l’Amérique du Nord. Tout de suite à notre arrivée, nous somme accueilli chaleureusement à bras ouvert par un étudiant allemand venu du Camp Hill à Kimberton en Pennsylvanie. Les présentations faites, nous sommes conviés à visiter les lieux et rencontrer les personnes travaillant autour de ce centre.

Toute une communauté s’est développée dans ce noyau, continuant ainsi le travail de Rudolf Steiner.

Les abeilles ne sont jamais bien loin

Dès 1928, soit trois ans après sa mort, un petit groupe d’Anthroposophistes – étudiants de Rudolf Steiner, du grec anthropos (humains) et sophia (sagesse) – est venu mettre en pratique aux Etats-Unis ce qu’ils avaient appris en Europe. Il nous faudra tout un week-end Claire et moi pour explorer les différentes sections du village. On y trouve un magasin d’alimentation

La nourriture est locale, vivante et délicieuse

biologique, un institut formant les professeurs aux écoles alternatives Waldorf, une librairie, une école Waldorf, la fondation Camp Hill, une école d’Eurythmie, un café, The fellowship Community pour les personnes âgées, une piscine naturelle à ciel ouvert, ainsi qu’une ferme et deux jardins en agriculture biodynamique.

Tout le week-end, nous suivrons le programme de ce dernier chapitre de formation dédié à la biodynamie. Un regroupement de la sorte est toujours enrichissant, surtout quand le sujet est présenté par des personnes d’expérience comme Mac Mead, le directeur des programmes du Pfeiffer Center.

Mac Mead ,avec son sens de l'humour, a toujours le mot qu'il faut pour rendre le sujet plus légé

Mac pratique la biodynamie depuis plus de trente ans et a eut la chance d’apprendre auprès de ceux ayant partagé plusieurs dizaines d’années de travail avec Ehrenfried Pfeiffer. Plus le temps passe et plus je me rends compte que ce réseau de la biodynamie n’est qu’une seule et grande famille. Partout où nous allons, nous rencontrons d’anciens étudiants d’Emerson College en Angleterre, alors c’est toujours l’occasion d’échanges, d’anecdotes et de souvenirs.

On vient de loin pour voir à la ferme les seules vaches de tout le "county"

Préparation bouse de corne (500) arrivée à maturité

Les thèmes de ce dernier week-end de formation seront tournés vers les préparations biodynamiques que l’on déterrera, la pratique d’incinérations d’insectes, et l’étude des rythmes célestes tout au long d’une année.On commencera ainsi par déterré la préparation bouse de cornes (500) . Il est un peu tard dans la saison pour la déterrer mais on constatera que le compost ainsi formé est mûre, odorant et avec une texture agréable au touché. On déterrera aussi les préparations utilisées pour le compost telle que l’achillée millefeuille(502), la chamomille(503), l’écorce de chêne(505) et le pissenlit(506). Ce dernier week-end sera équilibré entre temps en

Tout est rythme et saisonnalité

classe et temps sur le terrain. La formation pour adulte dans ce programme en Amérique du Nord dure une année. Les étudiants travaillent pour la plupart dans des fermes et viennent une fois par mois au Pfeiffer Center afin d’approfondir leur connaissance de la biodynamie, un excellent moyen de la sorte pour creuser dans cette immense ressource de connaissances que cette vision holistique offre à l’agriculture et à l’être humain dans son ensemble.

Une communauté où les personnes âgées ne sont pas laissées pour compte

Shinn Estate Vineyards, Long Island (New York)

Sur le 'George Washington Bridge', en arrivant à New-York

En règle générale, les passages de frontières ne sont jamais des moments agréables. Que ce soit dans les aéroports au milieu des interminables files d’attentes de passagers fatigués par de longs voyages en avion, ou bien aux frontières terrestres avec les voitures où vous êtes certains de devoir vous soumettre à un véritable interrogatoire sur les raisons de votre visite dans le pays où vous allez. Quoi qu’il en soit, ce passage à la frontière entre le Canada et les Etats-Unis s’est fait sans encombre. Les formalités se sont effectuées en moins d ‘une heure et le tampon me donnant droit de rester sur le territoire américain pour trois mois maximums a bien été apposé sur mon passeport. Un des douaniers, me demandant comment je faisais pour financer mon voyage, va certainement se lancer dans l’agriculture et dans le vin, après que je lui ai répondu que seul ces deux activités suffisaient à me sustenter. Il semblait surpris par la réponse!

La route conduisant de Toronto (Canada), à l’état du Connecticut (Etats-Unis) fut longue – 12 heures.

La ferme biodynamique 'Woodbridge farm' dans l'état du Connecticut

Ma première étape aux Etats-Unis était une ferme en agriculture biodynamique dans l’état du Connecticut au Nord-Est de New York . Il y a déjà plusieurs billets que je pense à télécharger une carte de mon itinéraire sur le blog pour mieux situer dans l’espace où se trouvent les différentes fermes et vignobles que je visite. Allez…, promis, dans quelques billets, il y aura une carte du Canada et des Etats-Unis avec la route parcouru et les arrêts effectués. Dans cette ferme dans le Connecticut, j’allais retrouver Jesse, un ami travaillant tout l’été dans cette ferme comme interne dans le cadre de la formation biodynamique à Emerson College. Courte allait être les retrouvailles car aussitôt arrivé le Samedi soir et je me voyais repartir le Dimanche après-midi pour New-York City et pour ce qui allait être une semaine aussi intense que riche de rencontres.

Après une matinée à la tâche dans les champs de légumes, rien ne vaut quelques brasses pour se rafraîchir!

Après seulement trois heures de route pour descendre dans la mégapole américaine – une agglomération de 20 millions d’habitants tout de même– le but du jeu était de trouver un emplacement pour garer sa voiture pour une semaine sans trop d’histoires. Aux Etats-Unis, la voiture est primordiale pour se déplacer pour couvrir les immenses espaces de ce pays. Cependant ici, comme dans toutes les grandes villes du monde, il est préférable d’utiliser les transports en commun. C’est finalement dans l’état du New-Jersey, bordant la ville de New-York à l’Ouest, que je trouverai mon salut: un emplacement à une heure en train de Manhattan sans frais de parking (simplement impossible à trouver!)

Il fut un temps où les chevaux étaient plus courant dans les villes

Une semaine à Manhattan, c’est un peu comme se retrouver propulser tout à coup dans un shaker et ses glaçons, que l’on agite pour préparer les cocktails et mélanger les ingrédients.

Times Square

On est secoué, remué, balancé dans tous les coins, et dans toutes les stations de métro. Un melting pot d’âmes humaines provenant des quatre coins de la planète. On y croise toutes les nationalités et tous les rêves les plus fous, et cela donne naissance à une ville que l’on regarde de loin songeur et aspiré, et de près les yeux tournés vers le ciel pour y scruter les gratte-ciel frôlant les nuages. Après cette semaine à rencontrer les acteurs du monde du vin authentique issu de l’agriculture biologique et biodynamique, je me rendais sur l’île de Long Island à l’Est de New-York pour visiter deux domaines viticoles dont on m’avait recommandé l’adresse à New-York. Je parle de cette semaine à New-York plus longuement dans la version anglaise du blog avec en prime des photos des différentes rencontres.

'Jones Beach' à 'Long Island'

Le domaine viticole de Long Island qui est le plus souvent revenu dans mes échanges avec les cavistes, bars à vin, sommeliers, journalistes, écrivains, distributeurs et importateurs, se nomme Shinn Estate Vineyards.

Barbara Shinn

Après tout, pourquoi pas aller découvrir la jeune viticulture de Long Island vieille seulement de 35 ans? Deux jours pour rattraper le retard dans l’écriture du blog et dans les prises de rendez-vous futures, et nous avions Claire – qui m’a rejoint à New-York et qui m’accompagnera pendant quatre semaines sur les routes jusqu’en Californie – et moi convenus une visite dans ce vignoble en agriculture biodynamiqe de la fourchette Nord de l’île.

Vignes saines malgré un climat océanique particulièrement humide

Sous un ciel couvert et nuageux nous fûmes accueilli par Barbara Shinn, la propriétaire avec son mari David Page. Elle nous emmènera dans un

Le stade de la floraison

premier temps dans les vignes et nous fera part de ses débuts avec la biodynamie, qui commencèrent en 2001 lors de sa visite à WillaKenzie en Orégon. Les années passèrent et en 2006, elle sauta le pas et commença à convertir l’ensemble du domaine. A cette époque de l’année (mi-Juin), c’est le stade de la floraison dans les vignes, une période d’intense fécondité de part et d’autres des rangs. Aussi artiste, Barbara nous explique sa relation intime avec la biodynamie – l’art de cultiver la terre – qui est pour elle avant tout une méthode holistique pour aborder l’agriculture. Cela lui permet de créer un habitat naturel et sauvage, milieu favorable au développement d’un biotope divers et varié. Le vignoble s’étend sur moins de dix hectares sur des sols sablo-limoneux.

David Page, Barbara Shinn et Anthony Nappa

Parmi les vins que nous goûterons, je retiendrai les rouges Cabernet Franc 07 et le Cabernet Sauvignon 2006.

Des expériences avec des macérations pelliculaires sur des chardonnay

Dans les deux vins, on retrouve un élevage en fût de 18 mois bien intégré au vin, et suffisamment de matière dans les vins pour que le bois et le le fruit se marrient bien . Le grain des tannins est fin. Anthony Nappa, le  winemaker, nous fera goûter par la suite sur barrique, les vins du millésime 2009, qui en rouge montre la progression du domaine vers l’équilibre et un meilleur respect du fruit. Il utilise progressivement les levures indigènes depuis quelques années. Il est aussi en train d’expérimenter des vins de voile (des vins oxydatifs élevés sous un voile de levures comme dans les vins jaunes de la région du Jura).

La dégustation: toujours un moment magique

Dans les précédents billets nous parlions des VQA Vintner Quality Alliance – pour les appellations d’origine canadienne. Aux Etats-Unis, ils ont les AVA – American Viticultural Area – qui sont leurs appellations d’origine contrôlée à eux. A Shinn vineyards, ils commercialisent leur vin sous l’appellation AVA North Fork of Long Island. La commercialisation se fait exclusivement à leur porte. Ils bénéficient d’un potentiel de 25 à 30 millions de clients dans la région de New-York, leur domaine ne se situant seulement qu’à deux heures et demie de Manhattan.

Salle de dégustation collée au chai à barriquesNous finirons la visite avec David, le mari de Barbara également chef cuisinier des chambres d’hôtes sur le domaine. Nous nous rendrons dans le chai des cuves et des pressoirs. Quand nous partirons, quatre japonaises venaient juste de commencer à déguster les vins du domaine avec Barbara. Comment dit-on bonjour en japonais déjà???

Ah oui, c’est ça: konnichiwa !

Un cuve tronconique pour un meilleur contact avec les baies de raisins

Published in: on 17 juin 2010 at 19:10  Laissez un commentaire  
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